En cette semaine de rentrée, nous avons cuit dans nos classes sous une chaleur caniculaire sans précédent pour un mois de septembre. Des canicules comme celles-ci seront malheureusement de plus en plus fréquentes et intenses, notamment en septembre et en juin. Ces canicules promettent d’être fatales : une étude publiée dans Nature Climate Change analyse qu’en l’absence de réduction drastique des émissions de CO2, les trois quarts de l’humanité sont menacés de mourir de chaud en 2100. [1]
Où nous réfugier, où faire cours ? Dans nos passoires thermiques personnelles construites lors de l’après-guerre ou dans nos établissements scolaires construits lors de la même période ?
Nos dirigeants mesurent très mal l’ampleur du problème : après une semaine à faire cours dans des fours, la préfecture d’Ille-et-Vilaine fait fermer les écoles 1h avant le week-end… Quant au gouvernement, les émissions de gaz à effet de serre ne les préoccupent pas : Mme Borne et M. Attal ont accueilli les lycéens de Liffré en prenant l’avion. En revanche, nos ministres semblent s’intéresser aux beaux bâtiments scolaires neufs : pour sa com’ de rentrée lundi 4 septembre, le ministre de l’Education Nationale a choisi le lycée Simone Veil de Liffré, construit il y a seulement 3 ans.
Or la plupart des établissements scolaires sont loin de pouvoir donner un cadre vivable pour les élèves et le personnel : 92% des personnels de direction du second degré ont été alertés par les équipes ou les élèves sur des problèmes d’isolation thermique. [2]
En plus des canicules, nos prochains ennemis d’hiver seront les doudounes que nos élèves ne voudront pas retirer en classe. Et pour cause : la chaleur sort de nos salles en hiver aussi bien qu’elle y entre en été. A titre d’exemple, le lycée professionnel Bel Air à Tinténiac fait état d’une température de 11°C régulièrement atteinte dans plusieurs salles de classe. [3]
La Banque des territoires préfère endetter les collectivités en proposant un total de 2 milliards d’euros d’emprunts pour les travaux de rénovation énergétique de 10 000 écoles primaires jusqu’en 2027. Or, afin de remplir les objectifs décrétés en 2019 pour une baisse de 40% des consommations d’énergie finale des bâtiments, il faudrait investir 40 milliards d’euros d’ici à 2030. [4]
Se lancer dans la rénovation énergétique du parc scolaire est aussi l’occasion de se préoccuper des enjeux sanitaires dans les écoles. Plomb, amiante, qualité de l’air intérieur... [5]Les températures extrêmes liées au dérèglement climatique ne font que s’ajouter aux problèmes sanitaires dont nous héritions déjà depuis 60 ans.
Dépolluer, isoler thermiquement et végétaliser le bâti scolaire sont autant des moyens de faire face aux enjeux sanitaires qu’aux enjeux climatiques. Ces travaux permettront à la fois de traiter les causes et les conséquences du changement climatique. En effet, malgré des conditions extérieures extrêmes, il sera possible de travailler en bonne santé, mais également de réduire notre impact sur le climat.
Pour la santé de nos élèves et de nous-mêmes, nos dirigeants doivent cesser les mesurettes et les coups de communication. Il est temps qu’ils agissent concrètement et comprennent que l’urgence écologique est une urgence de santé publique.