Le CVUH (Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire), en la personne de Natacha Coquery présidente du CVUH et Michèle Riot-Sarcey auteure d’un article sur le site, est assigné en justice (pour diffamation) par deux auteurs d’un pamphlet révisionniste (Histoire d’une falsification. Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif, Paris, L’Artilleur, 2023) qui réhabilite la politique de Vichy en minimisant sa responsabilité dans la déportation des Juifs français.

L’article attaqué dénonce cette réécriture des faits qui s’inscrit dans la propagande des valeurs d’extrême droite et recommande en contrepoint la lecture de l’article de Laurent Joly : « Anatomie d’une falsification historique. Lecture d’un récent pamphlet sur Vichy et la Shoah », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 70-3, 2023/3.
Cf le compte-rendu du CVUH : https://cvuh.hypotheses.org/1549

Cette affaire qui s’apparente à une ’’procédure bâillon’’ participe de la remise en question de la recherche scientifique et la liberté des universitaires. La tentative de censure est la réponse des ’’penseurs’’ de l’extrême droite lorsqu’ils sont confrontés aux faits largement étayés qui leur sont opposés. Continuer de vouloir réhabiliter Vichy après des décennies de travaux incontestables depuis Robert Paxton confine à la mauvaise foi et à la falsification de l’histoire. Que la justice donne acte aux plaintes des faussaires est une entrave au développement et au partage de la connaissance.

Le plus grave, c’est que cela s’inscrit dans une offensive généralisée contre la compréhension factuelle du passé et contre la raison. Ainsi des attaques contre le journaliste Jean-Michel Aphatie qui a dénoncé les violences criminelles de la colonisation en Algérie ( »... cent trente ans de massacres, de meurtres, de paupérisation d’un peuple, d’une violence incroyable… cent trente ans d’occupation »), violences avérées par la recherche historique.

Ainsi d’empêcher dans les universités, comme à Sciences-Po Paris, de manifester en faveur des Palestiniens en s’appuyant sur les soupçons étayés de génocide, et cela en assimilant toute critique factuelle de la politique d’Israël à l’antisémitisme.

Et s’ajoutent les tentatives de censure dans le cadre scolaire, poussées par des associations réactionnaires, au nom de prétextes fallacieux : dénonciation du wokisme et de la cancel culture, critique de ’’l’esprit de 68’’ et son supposé laxisme, rejet des études de genre. Dernier fait en date, l’interdiction de diffuser le conte "La Belle et la Bête" illustré par Jul qui devait être remis à tous les élèves de CM2 pour la fin de leur scolarité primaire. La ministre Elisabeth Borne (après un premier accord et des éloges appuyés), sans doute sur rapport de la directrice DGESCO, a considéré que les illustrations, trop ironiques ou décalées, ne convenaient pas à des élèves de primaire. Cela bien sûr sans concertation avec les représentants des enseignants ou des spécialistes en sciences de l’éducation.

Conformisme, tradition et autorité sont les mots d’ordre que l’on veut imposer au monde scolaire, de la culture et de la recherche scientifique, afin d’étouffer et décrédibiliser toute critique sociale et imposer les valeurs conservatrices. Nous devons y résister...
Dans ce cadre, le SNES-35 apporte son soutien total au camarade de la CGT-Éduc Pierre Chapa, mis en examen suite à une plainte en diffamation du collectif réac ’’SOS Éducation’’. Aujourd’hui ce sont les fauteurs de troubles et de discrimination qui portent plainte et les défenseur.e.s du droit et de la raison qui sont incriminé.e.s...