Déclaration préalable de la FSU à la première CAPA d’accès à la classe exceptionnelle du corps des professeurs agrégés, le lundi 12 février 2018
Cette CAPA s’ouvre dans une configuration inédite, en l’absence de la majorité des élus des personnels et de plusieurs organisations syndicales représentatives, alors même que les enjeux pour nos collègues sont particulièrement importants. La FSU demande le maintien du fonctionnement qui existait jusqu’ici dans l’académie de Rennes, avec la présence de l’ensemble des élus du personnel. La création d’un nouveau grade ne doit pas être l’occasion de mettre en péril le dialogue social de qualité qui a toujours prévalu dans notre académie.
Pour en venir à l’ordre du jour, la FSU s’est déclarée favorable au protocole PPCR car il va permettre de modifier la relation évalués / évaluateurs en déconnectant pour partie la promotion de l’évaluation. Le PPCR, en créant la classe exceptionnelle, met aussi en place de nouvelles bornes indiciaires de fin de carrière qui ouvrent des perspectives intéressantes pour des personnels qui subissent par ailleurs une forte dégradation de leur pouvoir d’achat, accentuée depuis le mois de janvier par la hausse de la CSG et des prélèvements retraite, le gel du point d’indice et le retour de la journée de carence.
Cependant, les critères d’accès à la classe exceptionnelle décidés arbitrairement ne sont pas acceptables. En ce qui concerne le premier vivier, qui correspond à 80 % des promotions, les candidatures chez les professeurs agrégés seront très rapidement épuisées faute de candidats remplissant des conditions incompréhensibles pour les personnels. Que se passera-t-il pour les promotions perdues faute de professeurs agrégés remplissant les critères ? Seront-elles définitivement perdues ou y aura-t-il fongibilité comme nous le réclamons ?
Les restrictions d’accès au vivier 1 décidées par le Ministère sont à la fois injustes et très mal vécues par nos collègues. Pourquoi écarter les collègues qui enseignent en BTS sans être sur des postes SPEN ? Pourquoi écarter les collègues affectés en Éducation prioritaire avant 1990 ou dans des établissements RRS ou ex-REP ? Pourquoi écarter les formateurs à l’ESPE à qui l’on a expliqué que seul le CAFFA – donc les services après 2015 – serait la référence pour le vivier 1 alors qu’il n’en est rien pour les formateurs ESPE du 1er degré ? Les représentants des personnels n’ont d’ailleurs pu faire aucun travail de vérification, n’ayant pas même eu accès aux listes de candidats ou reçu d’informations concernant leur nombre !
Par ailleurs, l’analyse des viviers montre à quel point la promotion par fonctions ou affectations spécifiques, particulièrement avec des critères si restrictifs, va amplifier les inégalités entre collègues. Si les femmes représentent actuellement 47 % de notre corps, elles ne sont plus que 43 % dans les indices terminaux (vivier 2) et 33 % des candidatures retenues au titre du vivier 1. Le déséquilibre est d’autant plus important entre disciplines ou entre second degré et supérieur.
Nous tenons aussi à rappeler que la classe exceptionnelle doit évaluer l’ensemble de la carrière d’un enseignant. Nous savons que les services du Rectorat et que les inspections ont eu un travail conséquent à fournir en très peu de temps, travail que nous tenons à saluer ici. Néanmoins, contrairement à ce que précise la note de service, les avis portés par les évaluateurs primaires n’embrassent pas toujours l’ensemble de la carrière des collègues. En ne portant parfois que sur ces dernières années, ces avis ne tiennent pas compte de missions effectuées par le passé, missions déjà ignorées pour l’accès au premier vivier.
Il n’est pas non plus acceptable de retomber dans les travers initiaux de la hors-classe, c’est-à-dire de bloquer les promotions jusqu’au départ en retraite des promus, ce qui était le cas jusqu’en 2005, date à laquelle le ratio promus / promouvables a été mis en place. Ce fonctionnement explique que le SNES, le SNEP et le SNESUP proposeront de promouvoir des collègues retraitables, afin de permettre une rotation rapide des personnels pour que le plus grand nombre de professeurs agrégés puisse bénéficier de la classe exceptionnelle au cours des prochaines années. La note de service ministérielle va d’ailleurs dans ce sens puisqu’il y est écrit : « Vous veillerez ainsi, dans l’établissement de vos propositions d’inscription au tableau d’avancement, à préserver des possibilités de promotions à l’issue de cette montée en charge. »
Le caractère inédit de cette CAPA nous amène enfin à nous interroger sur la méthode qui sera utilisée. Il nous semble, particulièrement pour le vivier 1, que les déséquilibres inhérents à ce vivier doivent nous amener à une analyse globale du tableau par barème, et non par discipline comme cela se pratiquait jusqu’à présent chez les agrégés. Par ailleurs, nous souhaitons qu’aucun effet mémoire concernant les avis ne soit appliqué pour les prochaines campagnes.
Nous vous remercions de votre attention.