M^me la Rectrice,
Nous aurions toutes et tous aimé vous souhaiter officiellement la bienvenue dans notre académie dans d’autres circonstances, mais nous ne pouvons pas débuter ce CSA aujourd’hui sans une pensée pour notre collègue AED Mélanie Grapinet qui a perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions mardi.
Nos pensées vont à sa famille, à ses proches, à ses collègues, et à toute la communauté éducative du collège Dolto de Nogent à qui nous adressons toutes nos sincères condoléances.
Au-delà, c’est l’Éducation Nationale dans son ensemble qui est endeuillée. Aujourd’hui, l’heure est à l’émotion, au recueillement, à la solidarité avec la famille de notre collègue. Ensuite, il faudra construire collectivement les réponses pour éviter que de tels drames se renouvellent. La FSU dénonce les polémiques politiciennes et les tentatives de récupération syndicale indécentes et indignes qui n’ont pas leur place ici.
Il est de notre responsabilité de dire que si les élèves et les personnels doivent être protégés à tout prix, l’école ne pourra jamais être un bunker.
Il est indispensable de faire la part des choses entre des événements tragiques, même récurrents, et le fonctionnement de l’école au quotidien. Il n’y a pas de « déferlement de violence insensé » dans nos écoles ni de « banalisation de l’ultraviolence » ou « d’ensauvagement de la société »... mais l’école est confrontée à des défis de plus en plus nombreux, à une augmentation des tensions au quotidien, à une dégradation continue des conditions de travail des élèves comme des personnels.
Or la société demande de plus en en plus à l’école républicaine sans lui donner les moyens d’agir à la hauteur des missions qu’on lui assigne. Le système éducatif ne tient, en France, que grâce à l’engagement des personnels, à tous les niveaux. Mais pour combien de temps ?
Les AED et les AESH sont les personnels les plus exposés, en première ligne face aux souffrances des élèves, mais c’est également le cas des professeurs des écoles qui sont souvent seuls face à la gestion des élèves à besoins éducatifs particuliers ou a comportement violent, et sont même parfois confrontés à la violence des familles...
La santé mentale de nos jeunes est un vrai sujet, la FSU n’a eu de cesse de dénoncer la dégradation survenue depuis 5 ans. Elle s’explique par de multiples facteurs. Mais les réponses proposées par Elisabeth Borne lors des assises de la santé scolaire ne sont pas à la hauteur. Les assistantes sociales les infirmières et les Psy-EN se sont mobilisées mardi 10 juin à Paris à l’appel de la FSU pour demander les créations de poste nécessaires !
La formation, qui est à l’ordre du jour de ce CSA, est un levier essentiel, mais elle ne saurait être mobilisée pour tout résoudre en évacuant la question des moyens.
Madame la Rectrice, vous avez pu, depuis 3 mois, découvrir l’académie et commencer à vous saisir des principaux dossiers. Vous nous avez déjà affirmé votre attachement au dialogue social qui a souvent été décrit comme constructif en Bretagne, « sans démagogie ni cogestion ». Pour la FSU, la qualité du dialogue social ne se mesure pas seulement en nombre de GT -même si celui sur le suivi des choix d’orientation des élèves de lycée nous manque cette année- et ne peut se limiter à des échanges avec une personne qui fait l’interface entre les OS et les services. Si nous avons posé aujourd’hui de nombreuses questions diverses, c’est que trop de points soulevés dans des instances ou des GT sont malheureusement restés sans réponses. Au-delà des désaccords, nous souhaitons retrouver une fluidité dans les échanges dans l’intérêt commun des élèves et des personnels.

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