Évaluations nationales, « tests de positionnement », apparaissent comme une injonction supplémentaire dans les emplois du temps en ce mois de septembre, une énième tâche qui s’ajoute aux missions dont doivent s’acquitter les collègues dans un métier toujours plus soumis aux désirs réformistes de nos ministres successifs. Le ministère présente ces tests comme des outils de remédiation, taillés pour guider et affiner les progressions et individualiser la remédiation. Mais les enseignants n’attendent pas des évaluations standardisées sur lesquelles ils n’ont pas prise pour déterminer la manière de faire progresser leurs élèves. En réalité personne n’est dupe : il s’agit bien évidemment d’un outil de pilotage des politiques de l’éducation.
Il peut être utile de rappeler d’où viennent ces « évaluations »
Les évaluations nationales font parties de ces incrémentations qui mobilisent contre elles ; leur mal est insidieux et est à mettre en parallèle avec les pratiques du « teaching to test » imposées dans les années 60-70 dans les pays anglo-saxons, ou en Suède et qui se généralisent ensuite dans les pays de l’OCDE. Mais qui font aujourd’hui marche arrière.
« 90 % souhaitent que soit abandonnée la dépendance aux évaluations standardisées ».
C’est le résultat d’une vaste enquête menée en 2022 auprès des 3,2 millions membres de la National Education Association (première organisation syndicale des États-Unis). Parmi les autres conclusions, on y évoque l’érosion de l’autonomie, de la capacité à stimuler l’apprentissage des élèves et la déprofessionnalisation d’un corps enseignant démotivé car dessaisi de l’acte d’évaluer, partie intégrante du métier. Elles ont par ailleurs des effets pervers du fait du poids des résultats des élèves dans la rémunération et l’affectation des enseignant es comme la mise à l’écart des élèves les plus en difficultés et la mise en œuvre de stratégies de contournement, comme le bachotage ou le non-respect des consignes de passation. Sont aussi dénoncés la tendance à la réduction du curriculum scolaire (les disciplines concernées étant privilégiées au détriment des autres) et le renforcement des inégalités sociales dans l’accès aux savoirs et à une culture partagée lié à cet appauvrissement des enseignements. Des États ou villes font aujourd’hui marche arrière, s’éloignent des évaluations de performance basées sur les tests pour confier aux enseignant es le soin de créer des évaluations formatives mieux adaptées pour stimuler l’apprentissage des élèves.
Le ministère, obnubilé par sa course aux classements internationaux en oublie de comparer les courbes et graphiques issus de ces évaluations à un autre classement, celui de la pauvreté des enfants qui augmente en France (voir « Rapport 18 : la pauvreté infantile au milieu de la richesse » publié par l’UNICEF). Nul doute qu’il fermera aussi les yeux sur le dernier rapport publié par l’OCDE (« Regards sur l’éducation », 2024) où est rappelée la corrélation étroite entre résultats scolaires (et donc réussites aux tests) et milieu familial.
Le SNES-FSU saura s’appuyer sur ces études pour montrer qu’un plan d’investissement dans l’éducation est nécessaire pour renforcer le service public d’éducation.
Le ministère envisageait de généraliser les évaluations nationales sur l’ensemble des niveaux du collège en les rendant obligatoire également en 5e et 3e en lien avec la mise en œuvre du « choc des savoirs » et des groupes de niveau. La mobilisation menée par le SNES-FSU l’an passé a mis en échec cette généralisation mais elle doit se poursuivre.
Il ne faut pas se laisser imposer ces évaluations standardisées. Des leviers d’action à l’échelle des établissements possible, y compris lorsque la passation de celles-ci est obligatoire en 6e et 4e : poser des HIS pour en parler, refuser des tests qui se dérouleraient en plus de notre temps de service hebdomadaire, déposer des motions en CA (voir PJ).
Projet de motion sur les évaluation nationale pour le C.A. à télécharger et éditer :
Pour aller plus loin :
- dossier ‘‘l’école face au « choc » du tri social’’ du POUR n°256 (avril 2024) https://fsu.fr/wp-content/uploads/2024/04/32p-FSU-POUR-n%C2%B0-256-BAT-PDF-BD.pdf
- Article du SNES national : https://www.snes.edu/article/evaluations-nationales-standardisees-perte-de-temps-et-pilotage-pedagogique/
- Le rapport de l’OCDE « regards sur l’Éducation » https://www.oecd.org/fr/publications/regards-sur-l-education-2024_1aabb39d-fr.html