
Déclaration préalable de la FSU Bretagne au Conseil académique des langues régionales du 14 janvier 2025.
D’ar 14 a viz Genver 2025
Aotroù Rektor,
Aotroù, kuzulier ar Rannvro,
Itron, kuzulierez ar Rannvro
Itronezed, Aotronez kuzulerien an departamantoù,
Itronezed, Aotronez renerien an akademiezhioù,
Itronezed, Aotronez,
Demat deoc’h holl ha bloavezh mat,
Ce conseil académique des langues régionales se tient après la censure du gouvernement, au mois de décembre dernier et au moment où les nouveaux ministres s’attellent à l’élaboration d’un nouveau budget. Pour les enseignantes et enseignants, l’enjeu est de taille tant la profession a été malmenée depuis 2006. La précédente ministre de l’Éducation Nationale, Anne Genetet, dans la lignée de ses prédécesseur
es, avait prévu la suppression de 4000 postes ! Dans cette période de vœux de nouvelle année, la FSU ne doute pas que la nouvelle ministre, Elisabeth Borne, quatrième du cru 2024, prenne conscience que le service public d’éducation est en grande souffrance et qu’elle plaidera pour un budget à la hauteur des enjeux et des besoins.L’austérité budgétaire et la dégradation des conditions de travail ne sont pas des fatalités. La FSU, en tant que fédération de syndicats de transformation sociale construit des alternatives et est force de proposition. Aujourd’hui, nous allons, dans ce conseil, passer en revue les projets pour la rentrée 2025 sans aucune certitude concernant leurs financements. C’est pourquoi, il est évident qu’un CALR doit se tenir au mois de juin.
A rebours de ces mesures d’austérité, la FSU estime que le second degré public aurait besoin de la création d’un peu plus de 45 000 postes pour retrouver le taux d’encadrement de 2006. L’augmentation du nombre de postes aux concours ne serait même pas une mesure suffisante pour combler ces pertes. L’attractivité du métier est un chantier à investir et cela devra passer par une réelle revalorisation des traitements, sans contrepartie. Les enseignantes et enseignants de et en breton du premier degré sont aussi concerné.es par ce contexte.
Nous constatons que 3 postes sont proposés au CAPES de breton en 2025 (2 de plus que l’année dernière). Cela ne suffira pas à pourvoir les besoins : au moins 2 départs en retraite sont à prévoir. Nous déplorons une nouvelle fois ce manque d’anticipation. Cette gestion ne peut pas être à la hauteur de la volonté affichée d’un développement du service public des langues régionales.
De plus, à plusieurs reprises, nous avons collectivement constaté le fait que les concours ne font pas le plein de candidates et candidats, mais il est du ressort de l’État de contribuer à rendre le métier plus attractif. Par exemple, il est temps d’entamer une réflexion sur le CAPES en langues régionales, en particulier de breton : ne serait-il pas temps d’envisager un CAPES monovalent puisque le nombre de filières est en augmentation et que nous pouvons espérer une redynamisation de l’optionnel ? Ne serait-il pas possible d’ajouter une option bilingue aux CAPES des autres disciplines et proposer d’autres valences à présenter au concours. Actuellement, il n’est pas possible de passer le CAPES avec une bivalence en EPS ou en sciences, par exemple.
Dans premier degré, nous faisons le même constat d’un taux d’encadrement qui ne fait que se dégrader, les concours de recrutement sont de moins en moins attractifs, d’autant plus pour l’enseignement en langues régionales où les conditions de travail sont toujours plus dégradées.
La situation est aggravée par l’assèchement des viviers d’étudiantes et d’étudiants– et donc de candidates et candidats potentiel.les – consécutif aux récentes réformes des collèges et des lycées. Ceci impose de penser une politique d’enseignement des langues régionales dans la continuité de la maternelle à l’université. L’attractivité des concours nécessite l’amélioration des conditions de travail et d’affectation. Il est nécessaire d’ouvrir chaque année des sessions de concours (CRPE, CAPES et agrégation) internes pour permettre la titularisation des nombreuses enseignantes et nombreux enseignants contractuel
les. La FSU ne peut tolérer la précarisation de nos métiers et des personnels par un recours accru à la contractualisation, en particulier dans le premier degré.Il est nécessaire également de mettre des moyens dans la formation initiale et continue des enseignantes et enseignants du 1er et du 2d degré au sein de structures publiques telles que les universités. Elle ne doit pas être confiée à des structures de formations privées associatives ou lucratives. Les enseignantes et enseignants monolingues qui obtiennent un congé de formation pour être formé.es à l’enseignement en langues régionales doivent également pouvoir suivre cette formation auprès d’une structure publique, comme c’est le cas avec l’université de Montpellier.
Pour le second degré, la FSU tient à souligner le travail effectué pour le développement de la généralisation de l’enseignement du breton facultatif en 6e puisque 7 nouveaux établissements seront concernés dans l’académie à la rentrée prochaine. Cependant, pour que cette généralisation porte ses fruits dans la poursuite de l’option breton en cycle 4, des moyens spécifiques, hors DHG, doivent être accordés afin qu’elle puisse être mise en place sans être menacée par des réductions de moyens dans les collèges. Pourquoi le dispositif de cette généralisation ne pourrait-il pas être étendue à l’enseignement du gallo ? En effet, une baisse d’effectif est constatée entre les rentrées 2023 et 2024 et la transmission de cette langue ne passe que par cette seule option.
Enfin, la FSU s’inquiète de la baisse constante des effectifs en LVC breton au lycée depuis 2019. Les options au lycée sont en grande difficulté depuis la réforme Blanquer. En effet, elles ne sont pas valorisées et ont du mal à être intégrées aux emplois du temps. Pourtant, ce sont des élèves susceptibles de venir étoffer les bancs des facultés de breton.
Dans les filières bilingues du second degré, l’enjeu porte surtout dans le développement des disciplines non linguistiques. Lors du groupe de travail, nous avons constaté peu d’ouvertures de DNL en collège. En lycée, le plus souvent, il n’y a que l’histoire-géographie qui est proposée. Nous voyons donc d’un bon œil la proposition d’ouverture de la DNL mathématiques au lycée public de Lannion. De telles initiatives devraient être systématiquement étudiées dans les autres lycées publics où une filière bilingue existe.
L’attractivité de l’enseignement des langues régionales dans le premier degré du réseau public n’est plus à démontrer. La population a confiance dans l’enseignement public dès lors qu’il est assuré à proximité des familles. D’ailleurs, Le réseau public ne fait que progresser depuis 1982 alors que les réseaux privés perdent des élèves ces dernières années.
L’enseignement des langues régionales dans le premier degré public ne peut pas reposer uniquement sur les classes bilingues. Les petites écoles des communes rurales qui sont une composante importante de l’académie peuvent difficilement envisager l’implantation de filières bilingues sans être déstabilisées, ce qui met à mal non seulement l’accès au service public d’éducation en langues régionales mais aussi les conditions de travail de nos collègues. L’enseignement proposé sous forme d’initiation à l’ensemble des élèves d’une école, notamment dans le milieu rural est une autre voie qui crée les conditions d’une culture commune et partagée par toutes et tous.
Pour la FSU, cet enseignement sous forme d’initiation ne doit plus se voir confiée à des structures privées associatives mais bel et bien à des enseignantes et enseignants titulaires formé
es. C’est indéniable pour la langue bretonne, tout autant pour l’enseignement de la langue gallèse mais également pour l’enseignement de l’ensemble des langues régionales de France.A l’approche des cartes scolaires départementales concernant le premier degré, La FSU rappelle que les dotations de postes ne doivent plus être effectuées au détriment de l’enseignement monolingue. Poursuivant dans ce modèle, les choix du Rectorat affaiblissent toujours plus l’École publique en mettant en concurrence l’enseignement bilingue et monolingue. Une dotation spécifique de postes est nécessaire dans les années futures pour assurer un service public de qualité pour toutes et tous.
Nous réitérons donc ici la demande d’un CALR placé au mois de juin parce qu’il est trop tard, une fois la rentrée passée.
Soyez assuré, Monsieur le Recteur, de notre détermination à défendre le service public d’éducation en langues régionales.
Trugarez evit ho aked
Les élu
es FSU Bretagne