Aujourd’hui se tient la dernière CAPA de promotion des agrégé
es en raison de la mise en œuvre de la loi dite de « transformation de la Fonction Publique ». Alors que les concitoyens revendiquent de plus en en plus fort transparence et égalité dans toutes les décisions de l’État, il est paradoxal de constater que ces mêmes principes sont aujourd’hui anéantis dans la gestion des carrières des personnels. Des personnels exposés plus que jamais à l’arbitraire administratif voire politique. Des personnels dont les carrières échapperont désormais à tout contrôle et toute protection. Des personnels bientôt à la merci d’un avis hiérarchique dissimulé et non opposable pouvant bloquer une carrière. Si les risques de lobbying voire de corruption ont été jusqu’ici écartés dans la Fonction publique, comment prémunir désormais les agents de toute pression sur le déroulement de leur carrière dans le seul but de satisfaire des intérêts particuliers contre l’intérêt général ?La loi de Transformation de la Fonction publique ne poursuit pas en effet comme seul objectif de réduire l’influence des syndicats de la Fonction publique, et en particulier celle des organisations majoritaires à l’Éducation nationale. Pour nos métiers, cette loi fragilise l’action indépendante et experte des enseignant
es dans la classe en remettant le déroulement de leur carrière dans les seuls mains de l’administration. Qui désormais peut garantir qu’exprimer sur son lieu de travail un désaccord, participer à un engagement militant, représenter ses collègues en conseil d’administration, revendiquer haut et fort des moyens pour améliorer les conditions d’étude des élèves ou résister à une injonction contraire à l’intérêt des élèves, ne va pas entraver une possibilité de mutation ou de promotion ?C’est précisément la liberté pédagogique des enseignant
es qui est exposée au travers de cette loi, le libre arbitre professionnel qui est encadré, tout ce qui fonde en somme nos capacités professionnelles d’adaptation et d’intervention pour répondre aux exigences du travail de classe et aux circonstances toujours nouvelles auxquelles nous pouvons être confrontés.La seconde partie de cette année scolaire a été marquée par une grave crise sanitaire qui est loin d’être achevée. Le virus est toujours présent et des préconisations sanitaires restent nécessaires pour la rentrée 2020. La FSU demande qu’elles puissent garantir la santé des élèves, de leurs familles et des personnels.
La prochaine rentrée ne peut être ordinaire. Le lien social fragilisé pendant le confinement et l’aggravation des inégalités exigent un renforcement du service public d’Education. Dans l’immédiat, cela implique des moyens supplémentaires, des possibilités de groupes, des équipes pluriprofessionnelles renforcées, un aménagement des programmes, l’abandon des mesures liées aux réformes du lycée et du baccalauréat et l’annulation des suppressions de postes dans le second degré. À moyen terme un plan de programmation des emplois et des recrutements, une autre réforme du lycée et du bac. L’Éducation est une des clefs pour limiter les effets de la crise pour les jeunes tout comme le renforcement des services publics afin qu’ils puissent jouer le rôle d’amortisseurs sociaux !
La question de la revalorisation salariale est toujours d’actualité et une des voies pour parvenir à améliorer la situation financière des personnels en fin de carrière est l’accès à la classe exceptionnelle.
Si la FSU revendique à terme une carrière pouvant être parcourue par tous nos collègues sans obstacle de grade, il faut dès à présent revoir les modalités d’accès à la classe exceptionnelle pour garantir à tous les personnels concernés une réelle revalorisation avant leur départ en retraite.
Ainsi, il faut modifier le ratio de promotions entre les deux viviers (actuellement 80% V1 et 20% V2) afin de promouvoir plus de collègues en fin de carrière. Il faut par ailleurs élargir les conditions d’accès au premier vivier avec la prise en compte de nouvelles situations comme celle des TZR.
D’ici 2023, 10 % des agrégé
es doivent être à la classe exceptionnelle. Le fort ralentissement de la montée en charge prévu pour cette année (+0,6 points à l’issue de cette campagne 2020, contre +2,5 points sur les trois campagnes précédentes) rend critique l’importance de promouvoir des collègues proches de la retraite afin d’assurer une rotation des promotions grâce aux futurs départs en retraite. Ainsi, pour la CAPN 2020, le nombre de promotions prévues est de 1161, contre 2178 l’an passé.Il faut enfin rééquilibrer le barème actuel qui donne un poids trop important à l’avis rectoral.
La FSU va proposer au cours de cette CAPA des collègues proches de la retraite pour qu’au cours des prochaines années le plus grand nombre de professeur
es agrégé es puissent bénéficier de la classe exceptionnelle. Les représentant es FSU seront aussi vigilant es à ce que les propositions tiennent compte de l’équilibre Homme/Femme.Nous souhaitons enfin remercier, Monsieur le Recteur, vos services qui malgré cette période difficile ont su demeurer disponibles et réactifs.