La réunion d’aujourd’hui se tient dans un contexte social explosif : le rejet du projet de réforme des retraites est massif. Dans notre secteur, deux grèves majoritaires et à chaque mobilisation, l’éducation était présente en nombre dans les cortèges. Les personnels de l’éducation, comme l’ensemble du monde du travail, rejettent le projet du gouvernement ; ils posent aussi des questions de fond sur la reconnaissance, le sens et le contenu du travail, ils dénoncent aussi dans ce mouvement la dégradation des conditions de travail et de rémunération.
Dans les services et établissements qui connaissent une insuffisance chronique et structurelle d’emplois, aucune création d’emplois n’est prévue pour la rentrée. Pourtant les charges qui pèsent sur les personnels de ces filières augmentent (école inclusive, recrutement et gestion de nouveaux personnels contractuels, mesures RH à mettre en œuvre, ouvertures d’EPLE...). Ils doivent en plus assumer les errements de réformes mal pensées et les tâches liées à toutes les réorganisations de services sur fond des suppressions de postes des vingt dernières années.
Les collègues des filières de santé et sociale doivent faire face aux conséquences de la crise COVID et de l’actuelle crise économique qui amplifient les difficultés sociales et de santé. Leurs missions sont essentielles : écouter, informer, permettre à chaque élève de trouver sa place à l’école, prévenir le décrochage scolaire, les violences notamment sexistes et sexuelles, le harcèlement entre pairs, accompagner les familles dans leur responsabilité de parents. Mais comment mener correctement toutes ces missions avec des effectifs qui ne permettaient déjà pas avant 2020 de répondre aux besoins ?
Malgré des conditions d’enseignement difficiles et les surcharges de travail, le budget 2023 promet de dégrader encore la situation dans les écoles, les collèges et les lycées : les suppressions de postes d’ores et déjà prévues sont inacceptables. Que dire de l’annonce, sans concertation et par voie de presse, de la suppression de la technologie en sixième afin de financer un nouvel accompagnement des élèves en mathématiques ou en français ? Cette décision brutale a profondément choqué les professeur
es, sur le fond comme sur la forme et met en danger les postes de nombreux collègues de technologie qui pourraient se retrouver en complément de service dans un autre établissement à la rentrée voire être victimes d’une mesure de carte scolaire.Les AESH, aujourd’hui indispensables tant auprès des élèves que dans les équipes pluriprofessionnelles, ne peuvent être reconnues à leur juste valeur sans la création d’un corps de fonctionnaires de catégorie B.Le gouvernement a refusé de prendre des mesures générales visant en urgence à protéger les rémunérations et le niveau de vie des personnels. Ces mesures auraient pourtant permis de contribuer à limiter dans le pays les effets récessifs des crises qui secouent l’économie et de consolider la fonction publique et les services publics en assurant que leurs métiers restent ou redeviennent plus attirants. Elles auraient enfin permis de reconnaître le travail et l’engagement professionnels quotidiens des personnels ; en lieu et place d’« individualisation », de « performance », de « travailler plus pour gagner plus », de « développement de l’indemnitaire contre l’indiciaire »...autant de choix qui creusent les inégalités salariales femmes/hommes. C’est bien d’ailleurs l’orientation contenue dans le pacte enseignant.
Non content d’attaquer les métiers, les travailleurs et les travailleuses en dégradant les conditions d’exercice de leurs missions, le pouvoir s’en prend à « cette nouvelle étape de la vie » que constitue la retraite, en voulant imposer des départs plus tardifs et donc un temps de retraite réduit avec des pensions plus faibles. Rien n’est prévu pour prendre en compte la pénibilité de nos métiers, ni les années d’études. Rien enfin pour la retraite des femmes en général et celle des femmes fonctionnaires en particulier alors que les écarts de pension entre les femmes et les hommes restent importants.
Forte de sa représentativité confortée et de la responsabilité que les agent-es lui ont donnée lors de ces élections professionnelles, la FSU continuera d’agir avec détermination pour défendre les personnels dans les instances : nous le ferons au sein de la Formation Spécialisée-Santé, Sécurité et Conditions de Travail (FS-SSCT) en portant les questions de santé, sécurité et conditions de travail. La FSU continuera de mener de grands combats au sein du monde du travail, pour une société démocratique, d’égalité et de justice sociale. Elle appelle, avec les autres organisations syndicales, les personnels à se mobiliser massivement avec toute la population le samedi 11 février prochain, et, d’ici là, à multiplier les actions, initiatives, assemblées générales partout sur le territoire, dans les services, y compris par la grève.