29 avril 2021

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Déclaration sur les moyens éducation – CTA du 15 avril 2021

Monsieur le Recteur,

Une nouvelle fois, nous vous interpelons sur la question des « moyens éducation ».
Nos collègues CPE et AED ont tenu leur rôle durant cette année si particulière. Un rôle sinon ingrat en tout cas ignoré, dont chacun a pu mesurer l’importance quand touchées par la pandémie certaines « vies scolaires » ont été tout ou parties confinées ou encore lors des mouvements de grèves des AED qui ont été particulièrement suivis.

Il n’est pas inutile de chercher les ferments du malaise des assistants d’éducation dans cette période si éprouvante pour tous, en s’immergeant dans leur quotidien :
Accueillir les élèves dans le froid du petit matin, les reprendre pour qu’ils respectent le protocole, le répéter des dizaines de fois. Tâches usantes auprès de jeunes gens malicieux et résistants aux contraintes sanitaires. Leur réexpliquer des règles dont la cohérence peine à convaincre. Les accompagner dans la cour où au foyer, en exigeant le port correct du masque sur des visages rieurs et turbulents. Suivre les déplacements dans les couloirs dans une « promiscuité » impossible à contenir. Tenir une permanence bondée. Réexpliquer encore et encore… Manger en trente minutes avant de contrôler l’accès au self : un flot ininterrompu d’élèves se bousculant malgré les réprimandes. Seule, dans le self, au milieu de dizaines d’adolescents sans masques plus exposéees que quiconque aux virus. Recommencer l’après-midi. Le soir encadrer ceux qui n’ont pas le loisir de rentrer à la maison, vivre avec eux les astreintes du protocole dans des espaces où intimité se conjugue avec collectif, jusqu’à l’extinction des feux. Recommencer le lendemain...
Durant cette période, le ministère a diminué les moyens AED de 27 ETP pour notre académie alors qu’il aurait fallu renforcer l’encadrement pour accompagner plus humainement et plus efficacement l’application des mesures sanitaires. Plus graves encore, les moyens de remplacement ont été baissés, alors que nos collègues AED ont été plus sollicités dans leur travail quotidien, ont dû pallier l’absence d’autres personnels (professeurs, CPE, parfois agents…) et ont aussi pu être confinés et ainsi augmenter la charge de travail du reste de l’équipe. Le tout sans moyen supplémentaire ou presque. Ce n’est en effet pas les 51 ETP concédés provisoirement et parcimonieusement aux établissements sur les 220, dont avait été initialement été dotée l’académie qui ont compensé ce surcroit de travail.
Alors que les premiers de cordée auront été choyés, les premiers de corvées y compris dans l’éducation nationale auront scandaleusement été oubliés.
Les absences des AED ne sont remplacées que très partiellement. Sauf exception, les moyens attribués dans ce cas le sont sur des bases qui minorent les besoins : pas ou peu de moyens les 15 premiers jours, nombre d’heures hebdomadaires incomplètement prises en compte, quand ce n’est pas un refus partiel ou total au motif que le budget ne permet pas d’attribuer ces moyens. Les conséquences de ces non — remplacements sont multiples dans les établissements : prises en charge non réalisées, surveillances non assurées, fermeture de l’accès à certains espaces, charge de travail augmentée pour le reste de l’équipe, tensions, fatigue. Cette pratique de non-remplacement a même pour conséquences de multiplier les arrêts de travail des autres collègues à force de tension, de conflit, de fatigue…
Il est indispensable de donner aux établissements les moyens correspondant au remplacement des absences de droits [maladie, examen...]. Il faut faire évoluer ce cadre de gestion dans un contexte très tendu où les exigences sont croissantes et s’inscriront dans le temps. À défaut, les collègues continueront à s’épuiser, avec des conséquences humaines insupportables, mais malheureusement bien réelles. Il en va là encore de l’égal accès à tous les usagers à un service public d’éducation de qualité.

En quoi ce détour en détail sur le travail des AED concerne les moyens éducation ? Parce qu’il constitue le quotidien des CPE. Ces derniers, organisent le travail de l’équipe, mais aussi, particulièrement en collège et de manière générale dans toutes les petites structures assurent le remplacement et y participent personnellement quand, comme c’est le cas trop fréquemment, il n’est pas financé par l’employeur.

Nous rappelons que 37 collèges de plus de 600 élèves ont un seul CPE (dont 14 de plus de 700), 7 collèges sont sans CPE (dont un REP) et des besoins de plus en plus importants dans les LGT et LP.
Vous faites le choix de « couper » en deux des moyens pour répartir les manques, le nombre de supports à temps partiel augmente d’année en année pour atteindre 36 pour la rentrée 2021.
Ce choix nie l’identité même de métier de CPE, dont l’action se pense et s’exerce à l’échelle de l’établissement. La circulaire de mission le rappelle d’ailleurs dans ses trois premiers articles : article 1, la politique éducative de l’établissement, article 2, le suivi des élèves et article 3, l’organisation de la vie scolaire. L’institution devrait donc positionner des postes à temps plein partout.
C’est une logique comptable qui l’emporte. Elle place les collègues dans l’impossibilité d’accomplir pleinement leur métier.
Nous disons notre opposition aux fermetures de postes, à l’implantation de support à temps partiel et demandons la création en urgence des postes nécessaires aux besoins des établissements pour un égal accès à tous les usagers à un service public d’éducation de qualité.
Nous demandons l’annulation des mesures de cartes scolaires 2020 et 2021.
Nous attendons également que les collègues contraints d’exercer en établissement durant la période de confinement soient traités de la même manière que les enseignants qui l’ont fait volontairement, par le versement de la prime à laquelle s’est engagé M. le recteur