Article paru dans l’US 798 du 13 juin 2020


Pour l’essentiel, les CPE et les assistants d’éducation ont accueilli le déconfinement avec un certain soulagement. L’envie de revenir dans les établissements a très vite pris le dessus sur les craintes, pourtant encore bien présentes. La découverte du protocole et son adaptation à l’établissement ont été des moments intenses d’activité et de réflexion. L’expertise professionnelle des collègues s’est exprimée à plein dans cet exercice : transposer un protocole en cadre de vie et d’apprentissage, à même de réinstaurer un accompagnement pédagogique en présentiel. Il a fallu penser l’accueil, les déplacements, les lavages des mains, les passages aux toilettes, la restauration, l’information des élèves, la communication avec les familles, les contrôles d’absences, l’accès aux transports... et concevoir un nouvel environnement transfiguré par beaucoup de signalétique, des mètres de rubalise, quantité de flèches et des sens interdits…
D’un établissement à l’autre, comme à l’accoutumée, la concertation a été soit de mise soit totalement absente. Les objets de conflits se sont assez logiquement déclarés dans certains établissements : quand toutes les lignes sont remises en question, tout ou presque peut-être remis en cause. Le SNES-FSU a permis, par ses interventions, de limiter certains abus, cela s’est traduit en retour par de nouvelles adhésions, marque de confiance des collègues à notre égard.
Pour l’essentiel les élèves étaient heureux de revenir dans un établissement pourtant bien différent de celui qu’ils ont connu. Le cadre est autrement plus rigide que les règles que ces mêmes élèves négligent dans les espaces publics. Intimidés, voire tétanisés, ils ont partagé avec leurs enseignants la satisfaction de découvrir des cours à très petits effectifs.
Techniquement, le déconfinement semble maîtrisé, mais à quel prix ? Combien d’élèves sont et seront laissés sur le côté ? Que de renoncements à nos valeurs ! Que de principes de contrôle et de règles éloignés de nos aspirations. La situation est exceptionnelle. Il ne faudra pas qu’à l’avenir nos établissements soient transformés par les restrictions que nous devons, par la force des choses, respecter actuellement.