En PJ le tableau d’implantation des langues vivantes dans les collèges de l’académie :
Monsieur le Recteur,
Manifestement, Madame la Ministre de l’Education Nationale a été contrainte, bien malgré elle, de faire des langues vivantes étrangères et régionales un élément central de sa communication autour de la réforme du collège. Après un procès en élitisme organisé pour justifier la disparition des classes bilangues, voici que leur réintroduction devient un témoignage de son ouverture au dialogue et de son ambition pour l’enseignement des langues vivantes.
Pourtant, personne n’est dupe comme le montre le succès de la journée de grève et de manifestations du 26 janvier dernier. La Ministre a fait le choix de rompre le dialogue avec les représentants des enseignants et on cherche dans l’immense majorité des académies les 70 % de classes bilangues qui seraient finalement maintenues. Notre académie est à ce titre un exemple particulièrement éclairant du décalage entre les éléments de langage venus de la rue de Grenelle et la réalité telle qu’elle est vécue au plus près du terrain. En effet, les Commissions Académiques sur l’Enseignement des Langues Vivantes Etrangères devaient être le lieu d’une concertation approfondie entre les différents acteurs en vue de l’élaboration d’une nouvelle carte des langues. Cette concertation devait se tenir en amont des décisions que chaque recteur serait amené à prendre avant de les transmettre au Ministère. Or, nous nous réunissons aujourd’hui 2 février 2016, soit 11 jours après une nouvelle opération de communication ministérielle savamment orchestrée autour des enjeux liés à l’apprentissage des langues vivantes.
Les documents que vous avez bien voulu transmettre aux membres de cette commission contribuent à relativiser l’enthousiasme ambiant. Des 147 pôles ou classes bilangues de l’enseignement public en Bretagne, il n’en subsisterait à la rentrée 2016 que 44, ce qui ne fait pas 70 mais 30 %. Quant à l’allemand qu’on veut paraît-il promouvoir et développer, sur 16 pôles allemand-anglais et 112 classes bilangues anglais-allemand, il ne resterait, toujours dans le réseau public, que 33 classes bilangues dites de continuité, ce qui ne fait toujours pas 70 mais 25 %. L’académie de Rennes aurait-elle été mise à contribution pour que d’autres puissent financer le maintien de la totalité de leurs classes bilangues ? Ou font-elles les frais de l’anticipation de l’apprentissage de la LV2 au niveau 5e ?
Toujours est-il que 70 à 75 % de ces dispositifs qui fonctionnent très bien dans de nombreux établissements bretons sont voués à disparaître. Nous souhaiterions d’ailleurs connaître les critères qui ont prévalu en vue du choix des établissements finalement retenus. On comprend par exemple assez mal pourquoi des collèges qui étaient jusqu’à présent pôles allemand ou espagnol n’auront plus de classe bilangue à la rentrée 2016. C’est le cas, pour l’allemand, des collèges Camille Valaux au Relecq-Kerhuon, Pen Ar Ch’Leuz à Brest, François Truffaut à Betton, Pierre de Dreux à Saint Aubin du Cormier, Anne de Bretagne à Rennes, Pierre Olivier Malherbe à Chateaubourg et Théodore Monod à Vern sur Seiche. C’est aussi le cas pour l’espagnol des collèges Les Chalais à Rennes et Charles de Gaulle à Ploemeur. Nous ne comprenons pas cette décision. Alors que la préparation de la rentrée est désormais bien engagée, nombreux sont les collègues qui nous sollicitent pour connaître le sort qui sera finalement réservé aux classes bilangues de leur établissement. Où est la concertation ?
Mais peut-être avez-vous prévu, Monsieur le Recteur, d’étudier à l’occasion de cette commission une liste complémentaire des établissements publics dont les classes bilangues seront sauvegardées. Si tel est le cas, la demande de la FSU est très claire : nous vous demandons de maintenir l’ensemble des classes bilangues des collèges publics de notre académie.
Autre axe de la communication ministérielle, l’autonomie des établissements serait par définition le remède à bien des maux qui frapperaient aujourd’hui le collège. Quelle marge d’autonomie entendez-vous accorder à Mesdames et Messieurs les principaux de collèges pour pallier les effets d’une mise en œuvre à marche forcée de la réforme sur quatre niveaux à la fois ? Qu’avez-vous par exemple prévu pour ces élèves actuellement en 5e qui ne bénéficieront en 4e puis en 3e que de 2h30 de LV2 ? Ils perdront 36 heures de LV2 par rapport à leurs prédécesseurs. Doit-on s’en accommoder ? De même : que vont devenir les élèves scolarisés en 6e bilangues cette année, notamment ceux qui sont scolarisés sur les pôles dont nous venons d’évoquer la disparition ? L’anglais qu’ils ont commencé en 6e deviendra-t-il leur première langue vivante tandis qu’ils seront mélangés avec des débutants pour poursuivre l’apprentissage de la langue qu’ils ont choisie dans le premier degré ? Et les autres élèves de 6e bilangues ? Seront-ils eux aussi regroupés en 5e avec des débutants ? Il semble que personne ne se soit réellement posé ces questions, à moins qu’elles ne soient tout simplement balayées d’un revers de main, au nom des intérêts supérieurs de la réforme du collège. En langues vivantes comme ailleurs, on comprend pourtant très bien aujourd’hui que seule son abrogation et la réouverture des discussions sur l’avenir du collège constituent une issue raisonnable.
Je vous remercie de votre attention.
Les représentants FSU Bretagne à la CAELVE