La publication des Indices de Position Sociale des collèges par le ministère a rendu possible une cartographie exhaustive des collèges en Bretagne. L’analyse des IPS des collèges de l’académie et des cartes permettent de dresser quelques grandes tendances.
L’indice de position sociale
L’IPS un indicateur construit par les statisticiens de la DEPP pour synthétiser le milieu social des élèves des établissements(1). Il est construit à partir de la profession des responsables légaux de chacun des élèves(2), l’IPS de l’établissement étant ensuite défini comme la moyenne de l’IPS des élèves de l’établissement.
(1) La méthode de construction est détaillée dans l’article de Thierry Rocher, « Construction d’un indice de position sociale des élèves », Education & Formations, n°90, 2016.
(2) Par exemple, un
e élève dont les deux parents sont professeurs ou profession scientifique aura un indice de 173, alors qu’un e élève dont les deux parents sont ouvriers non qualifiés aura un indice de 66.Des écarts significatifs
Si la moyenne académique est plutôt favorable (avec un IPS moyen de 105.6 contre 103.3 au niveau national), les IPS sont fortement corrélés aux territoires bretons et cachent d’importants écarts.
Le réseau privé paraît plus hétérogène en Bretagne qu’au niveau national, du fait d’un nombre important d’établissements, souvent implanté de longue date, mais les collèges privés présentent tout de même des IPS globalement supérieurs à ceux du réseau public.
Ainsi, sur les 385 collèges bretons, parmi les 5% ayant l’IPS le plus élevé, 80 % appartiennent au réseau privé. A contrario, parmi les 5% des collèges à l’IPS le plus faible, 70% sont publics, situés pour moitié dans les agglomérations de Brest, Lorient et Rennes.
Le privé en embuscade
Le rôle du privé dans la ségrégation sociale apparaît ainsi nettement dans les grandes agglomérations.
A Rennes, quatre des cinq collèges dont l’IPS est le plus élevé sont privés. En revanche, sur les sept collèges dont l’IPS est inférieur à 100 : six sont publics, un seul est privé. Ce constat pose la question de la carte scolaire à laquelle échappe totalement le réseau privé alors même que la ségrégation scolaire contribue à déstabiliser certains établissement et territoires, générant à terme des entre-soi qui ne permettent plus de faire société.
A Saint-Brieuc, un trio d’établissements privés capte des publics dont les IPS sont les plus élevés. A contrario, les collèges publics situés en périphérie présentent des IPS moindres (entre 93 et 96), à l’exception du collège le Braz situé au centre.
La ville de Brest présente une situation paroxysmique : le collège public Kerhallet, dont l’IPS est le plus faible de l’académie (66,7), n’est pas classé en REP+ alors qu’il jouxte un collège privé dont l’IPS est le plus fort du département (135,8).
La question des critères de l’Education prioritaire et de l’équité
Ces situations interrogent les critères retenus par le rectorat pour le classement des établissements en REP ou REP+ et les attributions de moyens aux établissements selon leur profil. Le SNES-FSU académique dénonce la prétendue complémentarité des réseaux et revendique une priorité des moyens pour le service public d’éducation qui ne doit en aucun cas s’effacer au profit du privé.
Pour le SNES-FSU, la carte de l’éducation prioritaire doit être fondée sur des critères nationaux, transparents et concertés qui s’appuie sur les IPS des établissements mais aussi d’autres critères (comme le taux d’élèves en retard en 6e, le taux de boursiers ou la localisation de l’établissement dans un quartier politique de la ville). Les établissements à faibles IPS doivent bénéficier de moyens complémentaires, afin de limiter les effectifs par classe et d’obtenir des moyens en personnel.
Kevin Hédé, Joël Mariteau
Retrouvez une cartographie académique et pour chaque département avec des zooms sur certains territoires :
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