Une profession épuisée et en colère
A la veille des vacances d’automne, partout dans les collèges et les lycées de l’académie, un constat s’impose, celui d’une plus grande fatigue voire d’un épuisement des personnels. A la crise sanitaire s’ajoute un mécontentement unanime vis à vis d’un ministre rejeté comme jamais. Au CHSCTA du mardi 13 octobre, le SNES a exprimé ses inquiétudes et demandé que la parole de la profession soit enfin entendue.
Une gestion hasardeuse de la crise
La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement s’est avérée pour le moins hasardeuse, et les mesures prises pour juguler la 2e vague -prévisible et annoncée depuis l’été- apparaissent à la fois inefficaces et désordonnées. Les défauts manifestes d’anticipation, de préparation et de gestion, dénoncés depuis le printemps perdurent. Mais la volonté de préserver à la fois la reprise économique et la santé sans changer l’orientation libérale des politiques menées atteint rapidement ses limites. Dans le domaine éducatif, cela se traduit par un pilotage à vue dont l’ambition se limite à maintenir les écoles et les établissements scolaires ouverts à tout prix en faisant reposer les arbitrages et les aménagements sur les acteurs locaux. Le protocole sanitaire est ramené au seul port du masque en tissu dont la distribution a parfois été chaotique et dont la qualité, voire très récemment la dangerosité -avec la présence de zéolithe d’argent- fait débat. Aux enseignants donc de se débrouiller pour adapter les programmes au niveau très hétérogène des élèves après le confinement, pour gérer, au collège, de plus en plus d’élèves à la scolarisation problématique, pour préparer, au lycée, un nouveau bac avec un calendrier intenable… tout en faisant cours avec un masque à des élèves masqués. Le tout dans un climat où les injonctions se multiplient, de la continuité pédagogique promise aux parents au tout nouveau PIX. A 7 semaines de la rentrée, la fatigue est grande et peut conduire parfois au découragement ou à l’exaspération.
Une priorité : se préserver
C’est ce que le SNES a exprimé, dans une déclaration préalable solennelle, lors du CHSCTA du 13 octobre qui se réunissait pour examiner le programme annuel de prévention. Le secrétaire général s’est voulu rassurant sur les aspects techniques en rappelant que la situation sanitaire était pour le moment maîtrisée et que seules 3 classes sur les plus de 25 000 de l’académie avaient dû être fermées à ce stade. Il s’est félicité de la discipline collective dans le port du masque et, il a rappelé des éléments pratiques : les masques sont disponibles en nombre, les chefs d’établissements n’ont qu’à les demander, seuls les collègues effectivement malades doivent être placés en arrêt maladie -dans tous les autres cas, ce sont des ASA-, la continuité pédagogique proposée passe par le cahier de textes, comme pour les absences occasionnées par des maladies ordinaires. Il a également annoncé l’arrivée et la distribution prochaine de masques transparents pour les enseignants d’élèves sourds ou malentendants.
Des masques toxiques ?
La question de la dangerosité des masques DIM traités à la zéolithe d’argent a été évoquée et l’Inspectrice en Santé et Sécurité au Travail (ISST) a répondu qu’a prori la dangerosité viendrait si les particules étaient nanométriques et dans des conditions de températures particulières, mais qu’une étude serait certainement menée par le ministère qui a homologué les masques. Dès le 26 mai, la FSU s’était adressée au ministère pour demander que les personnels et les élèves soient dotés de masques jetables. Au CHSCT ministériel du 11 septembre, la FSU a fait voter un avis préconisant la distribution de masques chirurgicaux aux personnels dans les établissements scolaires. Concernant la fatigue occasionnée par le port du masque, et en particulier les problèmes de voix, la DRH a expliqué qu’une action concertée était menée avec la MGEN et qu’un webinaire serait bientôt disponible pour prévenir les troubles de la voix.
Des revendications qui restent légitimes
On le voit, les réponses apportées à l’échelle académiques se veulent concrètes et techniques mais ne répondent pas à l’ensemble des attentes. Parallèlement, le ministre a réitéré des promesses de revalorisation à la hauteur de 400 M, sans les assortir, à ce stade, de contreparties. Mais il annonce tout de même « pour 2021 une évolution profonde des métiers des personnels de l’Education nationale » dont il ne dessine pas les contours. Une prime d’équipement de 150€ par an pour les enseignants est envisagée ce qui répond à une revendication ancienne du SNES. Mais, outre que ce montant ne permet pas un réel équipement, il conviendra d’être vigilants sur les sollicitations nouvelles que cette « dotation » pourrait susciter.